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L'ivresse à Pourim

Retranscription libre du Shiour de Rav Wattenberg

 

LE COURS EN AUDIO

[ Centre-Alef  Torah-Box ]

 

Méguila 7b.

 

Loi énoncée par Rava : L'homme a l'obligation de se "saouler" pendant Pourim jusqu'à ne plus savoir entre Aroure Haman et Baroukh Mordekhai.

 

Histoire : Le jour de Pourim, Raba "égorge" Rabbi Zeira après avoir trop bu, puis le fait "revivre" le lendemain par ses prières. Il demande à remettre ça l'année prochaine mais Rabbi Zeira refuse car il ne pense pas qu'il y aura chaque année un miracle (sa résurrection).

 

 

 

Comment a-t-il pu tuer quelqu'un ?

Quelle est la Halakha ?

Comment comprendre une telle obligation ?

Il ne s'agit pas vraiment d'une obligation ?

Sept réponses

Comment se comporter de nos jours ?

Comment en arrive-t-on à ne pas savoir entre entre Aroure Haman et Baroukh Mordekhai si l'on ne doit pas se saouler complètement ?

Que faisaient les Rabbanim ?

Récapitulatif

Conclusions

 

 

COMMENT A-T-IL PU TUER QUELQU'UN ?

 

Beaucoup de commentateurs ne veulent pas expliquer l'histoire selon son sens simple.

 

1) Rabbi Azaria Piccio (prononcé "pigeo")

 

[1579-1647, Rav de Venise et de Pise 20 ans et 20 ans, son nom de famille pourrait venir de la ville de Pise; il est connu dans les Yéshivot pour son Guidoulei Trouma,  il a aussi écrit un livre très important de Droushim, le Bina Laétim.]

 

À la fin du Droush 21, il explique que Raba l'a chamboulé avec des pilpoulim d'halakha, il était comme paralysé. (Il demandera plus loin à Hashem de lui pardonner s'il s'est trompé dans son explication. Il conclut avec le souhait d'arriver au jour où se dévoilera enfin la vérité sur toutes les histoires étranges du Talmud)

 

Ça rejoint un peu l'idée du Ben Ish 'Hai, qui ramène dans son Ben Yehoyada sur place au nom de mékoubalim que son âme l'a quitté (qu'il est mort) par le feu de sa discussion halakhique avec Raba.

 

 

2) Le Méiri

 

Le texte voulait dire sa'hetei, il l'a blessé et affaibli en l'écrasant (en le "pressant").

Etl ne l'a pas vraiment fait revivre, simplement he'hlimani véhe'hyani , expression signifiant qu'il lui a rendu la vie agréable, l'a guéri. Cette expression se retrouve partout dans la Gmara et même dans les Psoukim - elle existe encore de nos jours en anglais.

 

On retrouve aussi ça chez un autre Rishon : Rabeinou Shem Tov Ibn Shaprout (époque du Ritva) dans son Pardes Rimonim page 40a dans l'édition de Zhitomir de 1866, il cite Vayéchev 40,11 - presser les raisins.

 

 

3) Rav Kalman Avigdor Perlo dans Otsar Lashon 'Hakhamim §5504 :

 

Il faut dire sartei, il lui a fait une entaille.

 

 

4) Le Maharsha sur place : 

 

Il l'a forcé à boire et puisque ça a un rapport à la gorge, donc ça s'appelle sh'hita, puis il l'a juste guéri.

 

 

5) Rabbi Avraham ben Harambam, Maamar al Hadrashot (Page 95) cité dans le 'Hikrei Lev

Le Siftei 'Hakhamim : sur place (ancienne édition page 27a)

Et on retrouve cette idée chez Rabbi Rephael Berdugo dans Sharbit Hazahav (écrit à 24 ans !) partie II page 14

 

Il lui a fait une blessure sur la gorge, et ensuite il l'a guéri.

 

 

6) Le Yaabets - Rabbi Yaakov Emden dans ses Hagaot sur la Gmara :

 

Raba était embêté de toute cette joie et ces rires (à cause du 'Horban Beth Hamikdash), et le verset dans Mishlei §14, 23 dit 'békhol etsev yihyé motar' - apparemment il le comprend comme Rashi sur Shabat 30b - que dans toute tristesse il y a du positif. C'est une idée qui existe chez beaucoup des Mefarshim. 'La tristesse seule est féconde en grandes choses' disait Ernest Renan - il a écrit un livre en 1871 quand c'était la pagaille avec les allemands et que les français étaient démoralisés, 'La Réforme intellectuelle et morale de la France' en page 121.

Le Shvout Yaacov aussi (I, §182) écrit qu'à Pourim il ne faut pas perdre de vue ce que dit la Gmara Brakhot 31 qu'il est interdit d'avoir des fous rires parce qu'il faut se rappeler du Temple etc. Ce n'est pas un issour gamour puisque l'on fait là-bas les louanges d'un Rav qui s'est tenu à cette recommandation.

Et en fait le Taz l'a déjà devancé (Ora'h 'Haim §560 sk.7)

 

En tout cas le Yaabets explique donc que pour calmer la joie Raba a fait semblant (illusion) de tuer Rabbi Zeira, mais même lui y a cru et il est tombé dans les pommes.

En tout cas il précise bien qu'il est impossible d'imaginer qu'il l'a vraiment tué.

 

 

7) Le Rav Shlomo Zalman Auerbach dans Halikhot Shlomo II, §343

 

Raba l'a fait honte sous l'effet de l'alcool, et c'est considéré comme le tuer.

[ Anecdote sur le rapport entre la honte et le meurtre : Rav Ovadia Yossef dans son Ye'havé Daat V, §50 raconte que le fils du 'Hatam Sofer, Rabbi Shimon Sofer, auteur du Shout Mikhtav Sofer est mort de vexation suite au "clown de Pourim" (le Pourim Rov) le 16 Adar en 1883 à 62 ans (deux jours après Pourim)... ].

 

 

QUELLE EST LA HALAKHA ?

 

 

■ Le Rif 3b, le Tour dans Ora'h 'Haim §695 et le Rambam (Hilkhot Méguila §2, 15 selon la compréhension du Maguid Mishné - le Rambam préconise de boire jusqu'à s'endormir de son ivresse) tranchent qu'il faut se soûler puisque personne ne contredit Rava dans la Gmara.

 

Rabeinou Efraïm (élève du Rif), le Ran ('Hidoushim et sur le Rif), le Baalei HaMaor, le Shiboulei Leket §201 et le Méiri tranchent que la Halakha n'est pas comme Rava (pas jusqu'à l'ivresse) c'est la raison pour laquelle on ramène l'histoire sur les causes de l'ivresse. 

(Il s'agit d'un maasei listor, voir le Ba'h §695)

Il semble que ce soit aussi l'avis du Béhag, du Smag, du Smak et du Yiréim qui n'ont pas ramené cette Halakha.

 

 

Comment le Rif comprend donc l'histoire s'il faut se soûler ?

 

Le Sefer Haeshkol II Hilkhot Pourim §8, et le Pri 'Hadash (dans le Tour) écrivent - [bien que ce dernier pense qu'on ne doit pas se soûler de nos jours], que lorsque Raba propose de refaire une séouda ensemble l'année suivante, Rabbi Zeira refuse catégoriquement au lieu d'accepter à la condition de ne pas se soûler. C'est donc que l'obligation de Rava était bien en vigueur.

 

C'est une preuve "faible" l'annulation ne s'est sûrement pas fait juste après cet incident mais quelques années plus tard par exemple.

 

Une autre réponse se trouve dans le Shout 'Hatam Sofer Ora'h 'Haim §196 qui utilise la Gmara Chabat 156 sur les mazalot mais c'est da'houk...

Il ramène la Gmara qui dit que celui qui est né au Mazal Maadim - de Mars est un assassin.

Rav Achi explique que ce sera par exemple un sho'het ou un mohel ou même un saigneur.

Raba dit là-bas qu'il est né à Maadim et pourtant il ne fait pas sortir de sang ! Et Abayé lui répond que lui aussi punit et tue. (Rashi explique : tu tues celui qui transgresse ta parole, une des explications est de dire que celui qui transgresse la parole d'un sage est 'Hayav Mita).

Le 'Hatam Sofer explique donc : celui qui accomplit une mitsva, rien ne lui arrive de mal, c'est ce que penserait le Rif.

Rabbeinou Efraïm (voir Psa'him 8) n'est pas d'accord car ce principe ne s'applique pas aux endroits dangereux. Et ici il faut craindre que celui qui boit soit né dans le Mazal de Mars et serait donc dangereux, il ne faut donc pas se saouler.

Par contre le Rif irait d'après la majorité des gens qui ne sont pas nés à cette heure précisément. 

 

[ Note : Raba s'est quand même soûlé malgré qu'il soit né sous le Mazal de Maadim !

Il faut peut-être comprendre que la discussion se joue si le Maasei Listore concerne tout le monde ou pas. ]

 

Néanmoins, on tranche qu'il n'y a pas de mazal chez les juifs, la prière casse cette influence.

 

 

 

COMMENT COMPRENDRE UN TELLE OBLIGATION ?

 

La question a été posée par le Kol Bo, le Aboudarham et pleins d'autres.

 

>En effet on voit que les 'Hakhamim ont longtemps critiqué l'ivresse !

 

■ Le Bereshit Raba §36, 4 - à propos de Adam Harishone- shata shélo bémida vénitbaza ;

■ Le Ramban dans Bereshit §9, 26 dit que si déjà un grand tsadik comme Noa'h a dévié sur le vin, à plus forte raison que nous devons y faire attention;

■ Le Bamidbar Raba §10 - Adam s'est laissé aller à manger le fruit parce qu'il avait bu avant (דא"ר אבין יין מסכה לו חוה לאדם ושתה);

■ La Gmara Sanhédrin 70a : 13 "vay" ont été dit sur le vin (Bereshit Raba §36 dit qu'il y en a 14);

■ Le Midrash Tan'houma Shémini §5 critique l'ivresse;

■ Le Rambam dans son Moré Nevoukhim III, §8 écrit -'que soit plus honteux à tes yeux un rassemblement de gens qui se soûlent qu'un rassemblement de nudistes !';

■ Le Rabeinou Yona sur Mishlei §23,29 que boire entraîne des maladies et sur Mishlei §23, 33 que le vin abîme l'esprit;

■ Le Ibn Ezra à la fin de Iyov, le vin va être mash'hit l'esprit;

■ Le Yéroushalmi Maasser Chéni 71b à la fin du Perek 4 - Seul un talmid 'hakham devrait avoir le droit de boire du vin. (Malgré tout dans Sanhédrin 71b on voit que même pour un tsadik c'est mauvais de boire.)

■ La Gmara Erouvin 65a, Sanhedrin 70a et le Bamidbar Raba §10 : Le vin n'a été donné que pour consoler les endeuillés et pour récompenser les réshaïm dans ce monde.

 

 

[Le Rama dans Me'hir Yayin (commentaire de la Méguilat Esther) 9,19 écrit "Puisqu'il faut boire à Pourim alors soûle-toi et sois Anous (irresponsable) quand tu feras tes bêtises."

Ça reste très étonnant, de rechercher l'irresponsabilité.

On va donc chercher d'autres pistes. ]

 

 

Certains ont expliqué qu'il ne s'agit pas vraiment d'une obligation.

 

 

■ Le Maharil (fin §56) dit qu'il n'y a pas d'obligation de se saouler, seulement une mitsva - c'est seulement quelque chose de bien / de positif. 

C'est aussi ramené dans le Sefer Maharil page 60a, dans le Leket Yosher (I page 157) élève du Maharil, dans les Hagahot Maïmoni au nom du Raaviya (fin §564) - ramenés dans le Aroukh Hashoul'han (Ora'h 'Haim §695, 4), le Knesset Hagdola (Hagahot sur le Tour), le Tseida Laderekh Maamar 4 Klal 7 Perek 4, et enfin le Elia Raba ramené dans le Biour Halakha §695.

C'est aussi ce qui ressort du Rosh (§8) qui parle de Mitsva.

 

■ Peut être aussi le Maharsha ; dans Baba Metsia 23b il dit que Pouria veut aussi dire Pourim et qu'un Sage pourrait mentir si on lui demande s'il distingue entre Aroure Haman et Baroukh Mordekhai même s'il n'a pas bu. Donc ça ne serait pas forcément une obligation. Soit qu'il ait changé d'avis, soit qu'il ait eu des problèmes de santé.

 

■ Le Shaarei Tshouva (§695 ot 2) ramène le Yaabets (c'est dans son sidour page 385a) que son père le 'Hakham Tsvi se saoulait quand il était jeune mais pas quand il était vieux. 

Il ramène mème une preuve que ce n'est pas une obligation, c'est Rabbi Yéhouda bar Ilai qui buvait du vin seulement à Pessah (il avait mal à la tête). [Il y avait aussi Rabbi Yona qui avait mal à la tête jusqu'à Shavouot, tandis que pour Rabbi Yéhouda c'était jusqu'à Soukot]. 

Rav Wattenberg ne sait pas pourquoi le Shaarei Tshouva cherche Rabbi Yéhouda dans le Yéroushalmi (Shabbat §8, 1 54b) alors qu'en général on préfère les preuves du Bavli (Nédarim 49b) où on dit qu'il ne buvait que la Havdala, le Kidoush et les Arba Kossot.

 

Par contre, sa preuve ne paraît pas génial puisque Rabbi Yéhouda était un Tana, il n'y avait pas alors d'obligation si c'est seulement Rava un Amora qui a imposé cette Halakha.

 

 

 

NÉANMOINS, dans le Shout Mishné Halakhot du Rav Klein (V, §83) c'est écrit qu'à chaque fois que les 'Hakhamim disent 'Hayav, il faut s'y efforcer jusqu'à y laisser la vie (!!).

C'est aussi marqué dans le Shout Divrei Yatsiv du Rabbi Yekoutiel Yehouda Halberstam (l'ancien Rabbi de Tsanz père de l'actuel à Natanya) à deux endroits : Ora'h 'Haim §297 et Likoutim IV début de §66 au nom de son grand père le Divrei 'Haim premier Rabbi de Tsanz qui cite lui-même leur ancêtre commun : le 'Hakham Tsvi.

On retrouve cette idée dans Moshian shel Israel II page 177 au nom du Rav de Satmar au nom Divrei 'Haim.

 

Cette Shita est étrange car c'est contre les Rishonim cités plus haut qui pensent qu'il n'est pas obligatoire de se soûler.

Plus encore, le Barténora sur Pirkei Avot 1,10 dit que celui qui n'étudie pas la torah n'est pas vraiment 'hayav mita et le Tosfot dans Bekhorot 54a dit aussi pas hayav mita mais 'homer midérabanane.

Voir aussi le Rash dans son commentaire sur le début de Maasrot, le Tosfot Yom Tov et le Melekhet Shlomo dans Para §11, 3, le Tiferet Israel sur place dans le Boaz §11, le Sdei 'Hémed ('Het, §92) etc. etc.

 

[Note : Ces Rishonim ne parlent du mot 'Hayav que lorsqu'il est employé en tant que punition. Mais ils seraient peut-être d'accord que pour un 'Hayav d'obligation alors ce serait kipshouto, non ?]

 

 

En tout cas, même si l'on dit que ce n'est pas un vrai 'hiyouv, on peut encore se poser la question comment est-ce possible qu'une telle Mitsva existe ?

 

Il y a beaucoup de réponses, on va en voir sept.

 

SEPT RÉPONSES :

 

 

1) Le Maharal dans sa préface du Or 'Hadash.

Puisque Haman a voulu tuer physiquement (pas comme les romains qui nous interdisaient seulement d'accomplir les Mitsvot) alors les 'Hakhamim ont fait une Takana pour le profit du corps. 

 

 

2) Le Seder Hayom de Rabbi Moshé ben Makhi [de Sfat, contemporain du Beth Yossef].

Haman a voulu nous tuer, donc nous on fait vénahafokhou : lorsqu'on boit trop on se retrouve étalé au sol comme mort, mais dans le positif (c'est une mitsva), c'est plus agréable que de se faire pendre ou tuer (!!). 

Et pourquoi précisément du vin (comme précisé par Rashi) ? Parce que Haman a voulu nous tuer, alors pour réparer, on boit du vin pour augmenter notre sang. (Ils pensaient probablement comme ça à l'époque).

 

 

3) Le 'Hatam Sofer dans Torat Moshé Tétsavé 3d et dans ses Drashot I page 205 .

Les 'Hakhamim ont voulu réparer la faute des juifs qui sont partis boire au Mishté de A'hashverosh.

 

 

4) Le Kdoushat Levi dans Kdousha §4 page 364.

Un saoul n'a aucune intention ni de faire du bien ni du mal; c'est pour symboliser le mal qu'Haman avait prévu et qui s'est ensuite transformé en bien.

 

 

5) Le Yisma'h Moshé de Rav Moshé Rav Teitelbaum.

Le but de la Mitsva est d'arriver à la hitpashtout hagashmiyout התפשטות הגשמיות, concept 'hassidique qui signifie retirer de soi la matérialité pour se lier à Hashem le temps d'une journée.

 

 

[ 6) Le Rabbi Tsadok Hacohen Rabinovicz de Lublin dans son Ressissei Layla page 86a .

Celui qui est saoul est plein d'imagination, il ne pense pas vrai. Mais quand un juif boit, même son imagination est Emet.

 

(Rav Wattenberg a deux idées pour l'expliquer mais c'est hors sujet...)

 

 

7) Le Aboudarham.

Toute la raison de boire c'est parce que les miracles ont eu lieu pendant les différents Mishté Yayin donc les Hakhamim ont fait cette Takana en souvenir du miracle.

 

 

COMMENT SE COMPORTER DE NOS JOURS ?

 

 

Le Aboudarham ajoute au nom du Baal Haminhagot, du Rishon Rabeinou Asher de Lunel qu'à l'époque on ne buvait que rarement et qu'on se soûlait donc rapidement, par contre de nos jours on boit du vin à tout bout de champ, le zékher lanes consistera seulement à boire un peu plus que d'habitude.

 

On retrouve la même idée dans le Menorat Hamaor (Ner 3 Klal 4 'Helek 3 Perek 3)et dans le Or'hot 'Haïm ramené dans le Beth Yossef qu'il faut juste boire plus que d'habitude, ainsi que dans le Yessod Veshoresh Haavoda (Shaar 12, 7).

Le Pélé Yoets dans Pourim dit la même chose, il critique là-bas ceux qui se soûlent.

Le Bina Laétim Droush 21 aussi, il est ramené dans le Shout Mishnat Sakhir (II, §235 ot 2), il précise bien qu'on ne doit en aucun cas se saouler.

 

Le Méiri, ramené dans le Biour Halakha §695 écrit que l'on ne doit pas se saouler et se rabaisser pendant Pourim car on n'a pas de Mitsva d'arriver à une joie de dévergondage ou de folie, uniquement une joie de bonheur dont le but nous permet d'arriver à l'amour d'Hashem.

 

 

■ Le Shoul'han Aroukh (Ora'h 'Haim §695, 2) ramène la gmara textuellement. Dans son Maguid Mésharim page 35a et 37a, le Maguid lui permet de boire à Pourim autant qu'il veut, mais Chabat pas plus que 14 verres (!!).

Cependant dans son Beth Yossef ramène au contraire le Or'hot 'Haïm [voir plus haut - la shita modérée]. Son avis est donc discuté...

 

■ Le Rama sur place ramène au nom du Maharil qu'il faut boire un peu plus que d'habitude puis aller dormir, alors on ne sait plus entre Aroure Haman et Baroukh Mordekhai.

Le Mishna Broura écrit que c'est comme ça qu'il faut agir. C'est aussi marqué comme ça dans le Pri Megadim et le Knesset Hagdola (Hagahot al Beth Yossef) .

 

■ Le Nimoukei Yossef dans la Gmara (livre à part, pas autour du Rif ) écrit au nom du Rambam (que l'on n'a pas) : "Non pas qu'il faille délirer dans son ivresse ou se laisser aller à la rigolade excessive, la légèreté d'esprit et les grossièretés, car ce n'est pas ce qu'on appelle de la Sim'ha mais de la Holélout et de la stupidité".

Il explique ainsi que la Takana ne consiste qu'à dire des choses marrantes jusqu'à que les gens pensent qu'on ne fait pas de différence entre Aroure Haman et Baroukh Mordekhai. (C'est une source au Maharsha cité plus haut.)

 

■ Le Netivot Hamishpat dans sa préface à la Méguilat Starim dit au nom du Aroukh qu'il y a une différence entre lévassoumei et léhishtaker, ça veut seulement dire boire plus. (Se "parfumer" de vin).

[Mais le Aroukh dit explicitement que lévassoumei correspond à l'ivresse, exactement comme Rashi, le Ra'h et Rabbi Avraham min Hahar .]

 

■ On retrouve aussi cette idée dans le Yessod Veshoresh Haavoda (Shaar 12, 7) au nom du Arizal [aussi dit dans le Shaar Hakavanot]. 

Le problème c'est qu'il y a une contradiction : dans le Shaar Hakavanot page 109d ancienne édition et dans la nouvelle c'est 'Helek II page 333, il dit clairement qu'il faut se saouler et sortir de son esprit. Il est ramené dans le Kaf Ha'haim (§695 ot 16)

 

On peut résoudre de plusieurs façons cette contradiction :

 

1) Peut être qu'il veut dire qu'il faut se soûler mais pas excessivement.

 

2) Le Shla Hakadosh à la fin de Hilkhot Pourim limite cet enseignement à ceux qui partagent les secrets du Arizal (pour les kabbalistes). Il écrira lui-même dans Shaar Otiyot page 84b qu'heureux est celui qui n'a pas été ivre de toute sa vie !

 

3) Le Shout Yaguen Yaacov de Rabbi Yaacov Gottlieb explique que c'est le Mahar'hou qui a rajouté cela pour que celui qui n'arrive pas à se saouler se suffise de se parfumer de vin. 

Mais ça ne rentre pas vraiment dans les mots et ça paraît improbable.

 

4) Rabbi Moshé Tsouriel Weiss [un Rav contemporain, il habite à Bnei Brak, il est d'une Békiout phénoménale et d'une humilité incroyable "quasi-incompréhensible"] écrit à la fin de son Leket Piroushei Hagada 'Helek II (il y a un Maamar s'il faut se saouler à Pourim) que le Kaf Ha'haim s'est trompé, ces lignes-là ne sont pas du Arizal . Pourquoi ? Car dans la nouvelle édition, la page d'avant (332) c'est marqué explicitement que jusqu'à là sont les Droushim du Ari. La suite ce n'est que d'un élève ou autre.

D'après ça, le Ari aussi pense qu'il ne faut pas boire jusqu'à l'ivresse.

 

 

■ On retrouve aussi idée de l'ivresse chez Rabeinou Yerou'ham dans Netiv 4, 'Helek II page 62c et dans le Ma'hzor Vitry [de Rabeinou Sim'ha, élève de Rashi] §465. Il y fait des jeux de mots qui laissent penser qu'on doit se saouler. (C'est étrange qu'il y dise qu'il faut se saouler la nuit, on voit bien dans Méguila 7a qu'on n'est pas quitte du repas de Pourim consommé la nuit !)

 

■ Le Maharits ramené dans les Piskei Tshouvot et le Knesset Hagdola font aussi la distinction entre se saouler et lévassoumei.

 

■ On voit aussi cela dans le 'Hidoushei Harim [c'est le Rav Its'hak Meir Rotenberg-Alter, le premier Rabbi de Gour] ramené dans la Haskama du Piskei Tshouva I de Rabbi Avraham Piotrkovski רבי אברהם פיטרקובסקי [un 'Hassid de Gour qui a écrit un recueil de responsa très intéressant. Il demanda donc au second Rabbi de Gour sa Haskama, mais celui-ci était un grand Baki et il devait lire tout le livre avant et il a rajouté ses notes sur le livre, et dans une de ses notes il ramène le premier Rabbi de Gour].

 

■ Idem dans le Korban Netanel §8, 10 ('malgré que Rashi ne dise pas comme ça'), dans le Shla page 329b et le 'Hida dans Moré Beetsba §307.

 

On trouve aussi cette distinction chez les Rishonim. 

 

Le Or'hot 'Haïm Hilkhot Pourim §38 ramené dans le Beth Yossef §695 et dans le Kol Bo.

[ En fait les deux sont plus ou moins le même livre. 

Le Shem Hagdolim du 'Hida II ot 20 §14 (35c) écrit qu'on ne connaît pas l'auteur du Kol Bo mais que généralement il copie le Or'hot 'Haïm. (Mêmes idées, mêmes phrases parfois).

Le Kessef Mishné au début de Hilkhot Shofar dit aussi que c'est le Kol Bo qui a copié et non l'inverse (bien qu'on ne connaisse pas la date du Kol Bo).

Le Mavo de Rav Moshé Schlesinger sur le Or'hot 'Haïm aussi parle de ça.

Le Mavo sur le Kol Bo (nouvelle édition) de Rav Shlomo Zalman Havlin הבלין en parle beaucoup. ]

 

 

 

COMMENT EN ARRIVE-T-ON À NE PAS SAVOIR ENTRE AROURE HAMAN ET BAROUKH MORDEKHAI SI L'ON N'EST PAS SAOUL ?

 

 

Mais en réalité même pour les autres on a la question du Ba'h §695 : on peut boire toute la journée et continuer à ne pas se tromper ! Le Maharsha pose aussi cette question.

On va donner onze réponses.

 

 

1) Le Yessod Veshoresh Haavoda.

Il explique que ça arrive à celui qui parle beaucoup (parce qu'il a bu), qu'il finira par se tromper.

Apparemment comme le Tseida Laderekh (Maamar 4 Klal 7 Perek 4) qui explique la Gmara en disant qu'il faut boire jusqu'à que 'parfois' on en arrive à se tromper comme c'est écrit dans le Yéroushalmi.

 

2) Le Aboudarham.

[C'est aussi dans le Maharil page 60a, ramené dans le Maté Moshé (§1012), dans le Sefer Haagouda Meguila §6 ramené dans le Darkei Moshé §695, 1. Aussi le Rabeinou Yerou'ham dans Netiv 10, 'Helek 1 ramené aussi dans le Darkei Moshé; le Maguen Avraham; le Ba'h; le Baer Heitev; le 'Hokhmat Manoa'h sur place.]

Tous ceux là expliquent qu'il faut calculer la Guematria de Aroure Haman ארור המן (égale à 502) et de Baroukh Mordekhai ברוך מרדכי (aussi 502). Et lorsqu'on boit on a du mal à la calculer.

 

3) Le Ba'h au nom du Tseida Laderekh.

Le Knesset Hagdola dit la même chose : ne pas savoir si c'est Aroure Haman en premier ou Baroukh Mordekhai.

Mais c'est un peu étrange :

● Même sans boire c'est rare que l'on sache.

● En plus il y a différentes versions entre d'un côté la Gmara et le Shoul'han Aroukh et de l'autre le Rif.

 

4) Le Méiri et le Tosfot ramenés entre autres dans le Beth Yossef.

Il faut rajouter la suite de la phrase (Aroura Zeresh etc.) comme dans le Yeroushalmi. Donc il faut arriver à tout répéter.

Mais ça n'a pas l'air de bien coller puisque le texte dit entre .. et entre .. .

 

5) Le Sefer Haeshkol II Hilkhot Pourim §8.

[Aussi écrit dans le Aboudarham, le Darkei Moshé au nom du Minhaguim, le Rashash, le 'Hatam Sofer au nom de son maître Rav Nathan Adler.]

Ils expliquent qu'il y avait à l'époque une chanson, et à chaque fin de phrase il fallait compléter par Aroure Haman ou Baroukh Mordekhai et si l'on a bu on ne sait plus où on en est.

 

6) Le Rema de Fano dans son Elfassi Zouta.

[C'est ramené dans le Zikhron Moshé du 'Hida et dans son Ma'hzik Brakha §695 sk.3]

Il s'agit de ne pas pouvoir distinguer à l'oreille les deux.

(C'est bizarre, ces deux phrases ne se ressemblent pas vraiment.)

 

7) Le 'Hokhmat Manoa'h sur place.

Il explique que c'est un mashal, ça signifie d'enlever de notre coeur tout haine ou jalousie (on mélange la bénédiction et la malédiction).

 

8) Le Bina Laetim à la fin du Droush 21.

Il s'agit de ne pas savoir quel est le plus grand miracle d'entre les deux (chute de המן ou ascension de מרדכי).

Le Gaon de Vilna dit la même chose sur le S.A. Ora'h 'Haim §695.

Là encore, même sans être saoul ce n'est pas évident à savoir.

 

9) Le Yad Ephraïm de Rav Ephraïm Zalman Margolies

Il dit qu'on lui a dévoilé dans un rêve que le "jusqu'à" était exclusif. 

On voit aussi ça dans le Korban Netanel §8, 10, dans les Hagahot Maharsham al Hashas et dans le Sfat Emet sur place (il dit qu'il y a une mitsva de boire tant qu'on n'est pas arrivé au niveau de ne pas différencier etc.).

On voit aussi cette idée dans le Emek Brakha de Rav Aryé Formarnshik רב אריה פומרנצ'יק page 126

[Livre très sympathique et intéressant. C'était un Rav très prometteur, il habitait en Lituanie puis a fait son Alya, il ne s'est pas réveillé à 34 ans en 1942, il avait déjà écrit un livre et demi (Torat Zeraim). C'était un Gaon phénoménal, très clair, son maître le Brisker Rov a dit de son vivant : "Regardez le bien, c'est le 'Hafets 'Haim de la futur génération" (idée du Tsadik Talmid 'Hakham).]

au nom de Rav Israel Salanter.

Donc le Ad Délo Yada n'est pas un shiour dans le kiyoum Mitsva mais dans le ptour de la Mitsva. (On est acquitté seulement après le Délo Yada.)

 

● Ce qui est difficile dans cet proposition c'est pourquoi on dit Ad Délo Yada et pas tout simplement jusqu'à l'ivresse. (Apparemment il y a deux niveaux d'ivresse).

 

Le Ktav Sofer dans son commentaire sur la Méguila ramène aussi cette idée.

On trouve aussi un Rishon : Rabeinou Méir Haméli רבינו מאיר המעילי dans Sefer Hameorot sur place dans la Gmara.

 

10) Rabeinou Méir Haméli

Il donne aussi une deuxième explication : ce n'est qu'un lashon avay, une exagération.

Les Sages parlent souvent en langage exagéré (Taanit 29a), ça choque aujourd'hui l'esprit scientifique mais à l'époque ça se faisait, et ça permet de faire passer une idée ou un sentiment en plus.

(On voit souvent des exagérations dans les nombres aussi...)

Et il rajoute ainsi que l'ivresse est la plus grave des transgressions (cf. aussi Or'hot 'Haïm Hilkhot Pourim §38 ramené dans le Beth Yossef §695 et le Kol Bo aussi à la fin de §45). Bien sûr ce n'est pas à prendre au pied de la lettre.

 

11) Le Rav Sim'ha Kook

[C'est ramené dans le Seder Hamoadim de Rav Yom Tov Levianski רב יום-טוב לוינסקי page 156.]

Ad Délo Yada ne se rapporte pas sur Lévasoumei mais sur Inich.

C'est-à-dire : Chaque homme - même celui qui ne connaît pas la différence entre Aroure Haman et Baroukh Mordekhai - a l'obligation de sa saouler.

On retrouve aussi ça dans le Shout Tirosh Veyitsar de רב צבי יחזקאל מיכלסון Rav Tsvi Yé'hezkel Mikhelson, (§105, 5); et dans le Shout Vayitsbor Yossef (§71, 3).

 

Ça contredit le Shout Dibrot Eliahou de Rav Eliahou Abergel dans Ora'h 'Haim III §10 qui interdit de boire à ceux qui n'ont pas particulièrement de yrat Shamayim, et même pour un bon juif qui en arrivera à déraper. 

 

Le 'Hemdat Arie (Hilkhot Méguila §20 ot 2)dit le contraire : ce n'est que le Am Haarets qui doit se saouler. (C'est une honte pour la Torah lorsque le sage boit de l'alcool.)

 

 

 

QUE FAISAIENT LES RABBANIM ?

 

 

 

■ On raconte que le Gaon de Vilna buvait beaucoup (Tosefet Maasé Rav §70 page 254); le Sdei 'Hémed Klal 92 dit qu'il buvait jusqu'au danger.

 

■ Le Maharil Diskin aussi comme c'est ramené dans Haséraf Mibrisk §11 page 133-136.

 

■ Pour Rabbi Israël Salanter ce n'est pas clair.

 

Rav Wolbe écrit qu'il se saoulait comme Lot (Alei Shour II Shaar 3 §24 page 468), il n'écrit pas sa source, c'est Rabeinou Yéro'ham - son maître- qui le lui avait dit.

 

Plusieurs livres nous disent l'inverse : dans'Hafets 'Haim Yadav Oupoalav ramené dans Sefer Likoutei Shoushanim Lédavid page 515, peut être aussi le Emek Brakha - disent qu'il buvait sans se saouler entièrement.

 

Le Aderet (Rav Eliaou David Rabinovitch) [beau-père du Rav Kook] dans son Seder Eliaou [livre autobiographique] page 27 écrit qu'en lui rendant visite il l'a vu dormir après avoir accompli la Mitsva de boire. Mais ce n'est pas clair, peut-être qu'il a fait comme le Rama (de seulement boire un peu puis d'aller dormir).

 

Un des maîtres de Rav Wattenberg, Rav Guédalia Nadel disait que c'est certain qu'il ne buvait pas à ce point.

 

● On a pourtant deux de ses élèves qui se saoulaient : Rav Its'hak Blazer - Reb Itsalé Perterburger et Rav Naftali Amsterdam [décédé le 6 Adar 1916]. 

C'est marqué dans le livre de Rav Nosson Kamenetsky, Making of a Gadol page 1064, et dans Tnouat hamoussar page 228, que lorsqu'on a demandé à Rav Naftali pourquoi il ne faisait pas comme le Rama (qui préconise de seulement boire un peu), il a répondu que si Mordékhai avait recherché des Koulot il se serait prosterné devant Haman et il n'y aurait pas eu les miracles de Pourim.

Remarquez qu'il prend l'ivresse comme une 'houmra. Le Divrei Yatsiv cité plus haut dit aussi que pour tout l'or du monde il ne voudrait pas se souler, mais puisque le 'Hakham Tsvi comprenait le mot 'Hayav comme une stricte obligation alors il se force.

 

■ Rav Wattenberg lui a demandé comment se comporter son père, Rav Yaacov Kamenetsky, il lui a dit qu'il ne s'est soûlé qu'une seule fois, quand il était à la Yeshiva de Slabodka (pas en Israël).

 

Rabeinou Yéro'ham ramène dans Daat Torah (Vayeshev) qu'il a demandé à un grand Tsadik pourquoi il ne buvait pas à Sim'hat Torah (comme le veut la coutume achkénaze) et il lui a répondu qu'il avait peur de faire un petit dérapage. Dans Making of a Gadol page 1064, l'auteur dit qu'à n'en pas douter c'était son maître le Saba Mikelem - Reb Sim'ha Zissel de Kelm [élève du 'Hatam Sofer] et qu'il devait en faire autant à Pourim.

 

Rav Moshé Tsouriel dans son Leket Piroushei Hagada 'Helek II écrit que tous les grand rabbanim ne se sont pas saoulés (il essaie de prouver que le Gaon non plus), que de nos jours ce n'est que du 'Hiloul Hashem - profanation du nom de D. - et par conséquent il ne faut pas boire.

 

■ Le maître de Rav Wattenberg, Rav Guershon Edelstein - Rosh Yéshiva de Poniovitch actuellement - rappelle ça chaque année (Darkei 'Hizouk Tetsavé §44), il témoigne que le 'Hafets 'Haim ne se saoulait pas, ni le 'Hazon Ish.

 

■ Le Béto Nava Kodesh sur le mois de Adar page 248 raconte qu'à Belz ('hassidout) c'est interdit de boire, pareil dans la tsavaa de Rav Yoel de Amtsilav רב יואל פְרוּמְקִין מאמציסלב rapportée dans le Kountras Imrei Kodesh.

 

Rabbi Yaakov Tolédano (le fils du fondateur de la yeshiva du Raincy) se saoulait à Pourim (bizarre pour un Séfarade - le plus connu étant Rav 'Haim Taïeb LoMet, certains racontent qu'il déprimait à cause de ses 'Hidoushim brûlés dans un incendie, mais même lorsqu'il se soûlait il arrivait à de hauts niveaux, c'était un grand Kabbaliste).

 

 

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Le Halikhot Shlomo (II page 343) écrit que ce qui se fait de nos jours n'est pas correct, l'interdit de faire honte ou de vexer est encore en vigueur ce jour-là.

Rav Horovitch dans son Shout aussi nous met en garde.

Idem dans le Shout Kiniyan Torah Bahalakha (II §125 ot 2), ainsi que le Rav Ovadia Yossef (Yé'havé Daat V §50).

On a demandé à son fils comment ça se passait chez eux Pourim, il a dit qu'il buvait très peu. Un jour un monsieur est venu chez eux à Pourim et a vraiment bien imité Rav Ovadia - et tout le monde rigolait à part lui...

Le Rav Sternbuch dans Moadim Ouzmanim (II, §191 note 2) dénonce aussi le fait de se moquer des Rabbanim.

 

Faire honte à l'autre est un interdit de la Torah (Rambam Déot 6,8 et le 'Hinoukh Lav 240). Dans Avot 3,11 et dans la Gmara Baba Métsia 59a on dit qu'il n'a pas de part au monde futur.

Le Tosfot dans Sota 10b et le Shout Binyan Tsion (I, §172) disent même qu'il faut préférer se laisser tuer plutôt que de faire honte à quelqu'un. LA HALAKHA N'EST PAS COMME çA.

 

 

Le Maguid Mésharim (Vayakhel 35a) [ramené dans le Kav Hayashar §97, le Shik'hat Haléket à fin du Yalkout HaReouveni (12a) et dans Moed Lékol 'Haï §31] explique que le Taanit Esther est une ségoula pour nous préserver de la faute (le lendemain on se saoule).

On retrouve aussi cette idée dans le Divrei Yatsiv dans Ora'h 'Haim §292 - qui explique que c'est la raison pour laquelle le jeune tombe le 13 Adar malgré qu'à l'époque ils aient jeûné le 14 Nissan. Voir Meguila 15a et 16a, Rashi et Tosfot.

 

 

RÉCAPITULATIF :

 

 

Des Rabbanim pensent qu'il faut boire :

 

Le AriZal dans Shaar Hakavanit - pas clair, le 'Hakham Tsvi - que dans sa jeunesse, Rabbi Israel Salanter pas clair aussi.

Sinon on a :

Rashi, Ma'hzor Vitri, Rabeinou Yéro'ham, le Sefer Haeshkol, le Rambam, le Gaon, Rabbi Tsadok Hacohen et le Seder Hayom.

Le Menorat Hamaor ot 137 dit que c'est uniquement si on veut le faire léshem Shamayim.

 

Et à part ça on a vu une discussion si l'ignorant a le droit de se saouler ou si c'est réservé au sage ?

 

D'autres Rabbanim pensent que ce n'est pas une véritable obligation :

 

Le Rosh, le Maharil, le Leket Yosher, le Hagahot Maïmoni au nom du Raaviya, le Elia Raba, le Biour Halakha, le Aroukh Hashoul'han, le Knesset Hagdola, le Tseida Laderekh, le Maharsha

 

D'autres Rabbanim pensent qu'il ne faut pas boire jusqu'à l'ivresse :

 

Rabeinou Méir Haméli, le Yad Ephraïm, le Korban Netanel, le Maharsham, le Sfat Emet, le Ktav Sofer, le Emek Brakha.

 

D'autres Rabbanim disent que l'ivresse est un interdit très grave (peut être le pire) :

 

Le Yessod Veshoresh Haavoda, le Bina Laétim, le Or'hot 'Haim, le Pélé Yoets, le Méiri, le Nimoukei Yossef au nom du Rambam.

 

D'autres Rabbanim disent qu'il faut juste boire plus que d'habitude (soit que la Halakha n'a pas retenu cet Gmara, soit qu'il pense que lévassoumei est différent de léhishtaker)

 

Rabeinou Ephraïm, le Baal Hamaor, Rabeinou Nissim, le Shiboulei Leket, le Smag, le Smak, le Méiri, le Béhag, le Yiréim, le Or'hot 'Haim, le Aboudarham, le Knesset Hagdola, le Pri 'Hadash, le Shla Hakadosh, le Maté Moshé, le Pélé Yoets, le 'Hida, le Menorat Hamaor, le Yessod Veshoresh Haavoda, le Bina Laétim, le Rav Guédalia Nadel, la Rav Guershon Edelstein.

 

 

CONCLUSION : 

 

 

Si on a l'ombre d'un doute qu'on se saoule pour le plaisir mais pas Léshem Shamayim c'est interdit.

Il y a des Poskim qui interdisent même si c'est léchem Shamayim). 

Néanmoins celui qui veut vraiment faire bien la Mitsva Léshem Shamayim pour se rapprocher de Hashem alors il peut boire, il a sur qui s'appuyer.

 

 

 

Le Toldot Yaacov Yossef sur Parshat Ki Tavo [un livre de 'hassidout] écrit que le but de cet obligation est que l'âme puisse se réjouir sans avoir honte du fait que le corps ne suit pas.

Mais si on fait l'inverse, que le corps seul se réjouit, ce n'est pas la peine de se saouler, il faut vraiment ressentir une élévation spirituelle.

 

 

 

Le 'Hida écrit dans Lev David §29 et aussi dans Dévarim A'hadim Droush 6 qu'il est évident pour lui que si, nous tous, réservons un moment de cette journée pour l'étude, alors ce sera la Guéoula.