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La fin des temps - Le Mashia'h

Retranscription libre de la Conférence de Rav Wattenberg

 

LE COURS EN AUDIO

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Ce qui va suivre n'engage que Rav Wattenberg et les rabbins qu'il va citer. Chacun est libre de penser ce qu'il veut, on ne vient pas imposer des vues.

 

Ce sujet est assez délicat, d'une part parce qu'il entraîne beaucoup de tensions entre les juifs, et d'autre part à cause de ce que dit le Rambam.

Il écrit dans son Michné Torah (Hilkhot Mélakhim §12, 2) qu'on ne peut pas savoir en détail ces choses là car ce sont des notions obscures chez les prophètes; que les Tanaïm et Amoraïm n'ont pas non plus reçu de Kabbala dessus, ils ne font qu'interpréter les textes mais n'ont pas de transmission claire. Et c'est pour cela qu'il y a beaucoup de divergences d'opinions.

Il rajoute aussi que ce ne sont pas des notions importantes dans la religion, et qu'un homme ne devra pas s'investir outre mesure sur ces Midrashim et Agadot car ils n'amènent ni à la crainte ni à l'amour d'Hashem.

[L'essentiel est d'espérer et d'aspirer à sa venue.]

 

 

Insister dans la prière

Les Mitsvot pour Mashia'h

Le Mashia'h sait-il qu'il l'est ?

Les Rabbanim présumés Mashia'h

Sera-t-il connu ?

Le Talon de Mashia'h

L'an 6000

1. Une Ma'hloket

2. Précisément la 6000eme année

3. Ma'hloket dans le compte des années

4. Impossibilité de destruction complète

Le Rabbi de Loubavitch

1. De l'Apikorsout ?

2. Reconnu dès le début

Le Temple qui descendra du ciel

Quelques Conclusions

 

 

PEUT-ON INSISTER DANS LA PRIÈRE POUR LA VENUE DU MASHIA'H ?

 

 

La Gmara dans Ktouvot 111a écrit que Hashem nous a engagé l'humanité à six serments, et l'un des six est de ne pas éloigner (שלא ירחקו shélo yiR'hékou) la venue du Mashia'h.

Rashi sur place explique qu'il ne faut pas le retarder à cause de nos fautes. Mais il rajoute qu'il y a une autre version : shélo yiD'hékou ete hakets שלא ידחקו את הקץ, c'est à dire l'interdiction de trop prier pour la venue du Messie.

 

Rav Hillel Lichtenstein רבי הלל ליכטנשטיין écrit dans son Avkat Rokhel ('Helek II Klal 9 Prat 1) écrit que les choses ont changé, que de nos jours c'est autorisé et qu'on a même l'obligation de prier pour la Guéoula.

Un Rav mexicain, Rav Mikhael Perets dans son Hamashia'h Leor Halakha page 61 s'y étonne grandement, il ne comprend pas comment on peut décréter que les choses ont changé depuis l'époque de la Gmara.

Le problème c'est que le Rav Lichtenstein lui-même explique pourquoi les choses ont changé (page 111a) !

En effet il dit qu'étant donné qu'il y a dans ces six serments, la promesse des goyim de ne pas trop oppresser les juifs. (Par nous forcer à ne prendre que des rabbanim qui ont étudié du 'hol - il parle à la fin du 19ème siècle), donc puisqu'ils ne respectent pas leur serment, les juifs aussi en sont acquittés.

 

Le Rav 'Haim Elazar Shapira רב חיים אלעזר שפירא, le Rabbi hassidique des Munkacz, dans son livre Shaar Issakhar (Tamouz-Av ot 32 page 163) écrit que ce Rashi n'est pas la Halakha et l'on ne retient pas du tout, on garde la première version de la Gmara.

 

Des histoires vont dans ce sens. Par exemple on raconte sur le Divrei 'Haïm de Tsanz qu'il aurait affirmé que s'il se trouvait en compagnie de dix personnes de son niveau ils seraient partis prier dans les champs et la forêt et ils ne seraient pas rentrés tant qu'Hashem ne les auraient pas exaucé en amenant le Mashia'h. Cette histoire est ramenée dans le Otsrot A'harit Hayamim 'helek I page 30 au nom du livre Beit Shlomo.

Le Rav Perets explique que s'il n'a pas eu la possibilité de rassembler ses neuf amis, alors c'est la preuve qu'Hashem ne voulait pas que ça se passe.

 

Rav Wattenberg pense que l'idée de Rav Perets est peut-être de ne pas "gaspiller" son énergie sur des choses facultatives.

En effet si on se fatigue sur des 'Houmrot, alors on flanchera vite contre le Yetser Hara car on aura le sentiment d'avoir déjà beaucoup donné à D.ieu.

[Sinon comment comprendre que ça l'embête que l'on prie pour la Guéoula...]

Mais bien sûr, il n'y aucun interdit même pour Rav Perets de prier pour Mashia'h.

 

Le Rav Eliaou Capsali רבי אליהו קפשאלי, איש מקנדיאה (le grand Rav de l'île de Crête il y a plus de 500 ans) dans son Meah Shearim (II page 397) raconte qu'ils avaient pris la coutume que les enfants disent ensemble à la fin de Arvit Hamelekh Hamashia'h Shéyavo Béhatsla'ha המלך המשיח שיבא בהצלחה.

 

 

LES MITSVOT POUR RAPPROCHER LA VENUE DU MASHIA'H

 

 

Il y a une idée qui se répand assez souvent aujourd'hui, considérer que l'on accomplit les Mitsvot pour rapprocher la Guéoula.

C'est complètement faux.

Le but n'est que de L'obéir, et la Mitsva en elle-même (ce qu'on appelle faire les Mitsvot Lishman).

Bien qu'en parallèle, par nos Mitsvot on fait venir le Mashia'h, ce n'est pas le but de la Mitsva.

Il n'y a pas non plus de commandements dans la Torah de faire venir plus vite le Mashia'h.

 

 

LE MASHIA'H SAIT-IL QU'IL L'EST ?

 

 

Rabbi 'Haim Vital dans Arba Meot Shekel Kessef page 78b écrit qu'il ne le saura que le jour de sa venue.

On retrouve cette idée dans le Shout 'Hatam Sofer (VI §98) : de la même façon que Moché a vécu 80 ans sans savoir qu'il serait le premier sauveur des juifs, alors il en sera de même pour le dernier sauveur.

 

Le problème c'est que la Gmara dans Sanhédrin 98a raconte que Rabbi Yéoshoua ben Levi a rencontré et discuté avec le Mashia'h et qu'il lui a demandé quand il venait. (Donc il savait qu'il l'était.)

Certains veulent répondre que ce n'est qu'une Hagada, qu'une idée qu'on veut transmettre, ce n'est pas à prendre au pied de la lettre. [Otsrot A'harit Hayamim I Page 142 dans la note.]

On peut aussi imaginer que c'était le Mashia'h potentiel et qu'Hashem l'a prévenu mais qu'ensuite la génération n'a pas mérité.

 

En effet, il y a une idée comme ça qu'il y a à chaque génération une personne apte à être le Mashia'h en cas de besoin.

 

On voit cet idée dans le Bartenora sur Meguilat Ruth 6b, dans le Vikoua'h 'Hakhmei Tortosa ויכוח חכמי טורטוסה (de Don Vidal) au nom du Rambam : ramené dans Otsar Havikou'him page 109, et dans Shevet Moussar page 142 ou 74 dans l'ancienne édition.

Le 'Hatam Sofer écrit aussi la même chose dans son Shout (VI, §98).

Le Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin dans son Pri Tsadik (Dvarim §13).

Le Sefer Halikoutim aussi du AriZal sur Yeshaya §38 page 398a.

On voit aussi ça dans le Sdei 'Hemed (Alef péat hassadé klal 70 page 193 de la premier partie).

Le Rabbi de Loubavitch aussi dit ça (Likoutei Si'hot 29 sur Dvarim page 14).

 

Ainsi, on a vu beaucoup de gens qui ont pensé que leurs Rav était le Mashia'h.

 

LES RABBANIM PRÉSUMÉS MASHIA'H

 

 

 

■ Les Tosfot dans Makot (6a, 6b, 10b, 15a, 16b) et Méila [les deux ont été écrits par un élève de Rabeinou Perets] ramènent plusieurs fois des enseignements ou questions au nom d'un certain Mashia'h.

Le Aroukh Laner, le Rabbi Yaacov Ettlinger écrit que c'est l'abréviation de מורי שיחיה mori shéyi'hyé- mon maître qu'il vive (de nos jours on dit Shlita).

Le Rabbi de Klausenburg, le Rabbi Yekousiel Yéhouda Halberstam demande : le Tosfot ne se doutaient pas qu'on allait comprendre de travers, qu'ils parlent du vrai Mashia'h ?

Il répond que c'est fait exprès parce qu'ils pensaient que leur Rav était le Mashia'h.

 

■ Les élèves du AriZal ont dit ça de leur maître.

C'est ramené dans le Sdei 'Hemed (Alef péat hassadé klal 70 page 193), dans les Shiv'hé Haari et dans le Emek Hamelekh (de Rav Naftali Hirsh de Francfort, imprimé à Amsterdam en 1653, page 11d) on voit que Rabbi Haïm Vital pensait que le Ari était le Mashia'h ben Yossef.

 

■ Dans le Netivot Olam (II page 83) du Maharal, son élève le Rav Israël écrit à son maître : "L'ange de D. est parmi nous, notre juste Mashia'h".

 

■ Le Rav Tsvi Ye'hezkel Mikhelson רב צבי יחזקאל מיכלסון (Sia'h Sarfei Kodesh V page 92 ot 17) écrit que Rav Sim'ha Bunem de Peshis'ha a dit sur les 'Hidoushei Harim [c'est le premier Rabbi de Gour] que dans son nom on voit une allusion qu'il est le Mashia'h : il s'appelle Its'hak Meir et sa mère c'est 'Haya Sarah (les premières lettres forment le mot Mashia'h en désordre).

 

■ Dans le même livre: le Rabbi Avraham de Parisov disait de son Rav, le Sfat Emet (petit fils du premier Rabbi de Gour), qu'il était pour lui évident que c'était le Mashia'h ou au minimum celui qui l'amènerait.

 

■ Le Rabbi de Loubavitch disait sur son beau-père, l'avant-dernier Rabbi, Rabbi Yossef Its'haq Schneersohn, qu'il était Mashia'h.

Il rajoutait que le nom du Mashia'h n'était pas Ména'hem ni tous ce qu'on dit dans la Gmara, mais soit Yossef soit Its'haq.

C'est ramené dans Shaarei Guéoula (§16 page 64), et plusieurs autres endroits dans les Si'hot du Rabbi.

 

■ Dans le livre Tiferet Adam (§16 page 29), on raconte que Rabbi Israel de Tshortkov רבי ישראל פרידמן מצ'ורטקוב a dit de son père Rabbi David Moshé de Tshortkov, le jour où il a pris sa place, qu'il était certain que ça aurait dû être lui le Mashia'h mais que la génération ne l'a pas mérité.

[On dit ainsi au nom de Rabbi Avraham de Slonim qu'il était évident pour tout le monde que ça allait être lui le Mashia'h.]

 

■ Dans le Mekor 'Haim (page 73), il écrit sur le fils du Divrei 'Haim : le Rav Ye'hezkel Shraga de Shinobew רבי יחזקאל שרגא משינובא qu'il pensait que ce serait lui le Mashia'h.

 

■ Le Kol Arié aussi a dit ça sur le Rabbi de Viznitz (Rabbi Mena'hem Mendel), l'auteur du Tsema'h Tsadik. Il explique que Tsema'h compte la même Guématria que Mena'hem - allusion au Mashia'h. C'est ramené dans le Shout Vayitsbor Yossef au début.

 

■ Dans le Otsar Israel (fin du Erekh tsadik), c'est écrit que les 'Hassidim pensent que dans chaque génération il y a un "Tsadik de la génération" qui est un potentiel Mashia'h. Cette croyance s'est particulièrement répandue chez les Hassidim de Sadigura (סדיגורה).

C'était comme ça dans beaucoup de 'Hassidouyot.

Il ajoute qu'on a même trouvé des Tsadikim qui étaient dits Tsadik Hador par les autres Tsadikim de la génération (ni leurs adeptes ni leurs familles).

Quatre exemples : Le Maguid de Mezeritch, Le Rabbi Elimelekh de Lizensk (רבי אלימלך וייסבלום מלִיזֶ'נְסְק), Le 'Hozei de Lublin (החוזה מלובלין), et Rabbi Israël de Roujyn.

 

■ Encore avant tout cela, on voie dans Sanhédrin 98b que les élèves disaient de leurs Rabbanim qu'ils étaient le Mashia'h.

Là-bas la Gmara demande quel est le prénom de Mashia'h, et les étudiants répondent le nom de leurs maîtres respectifs (Shilo, Yinoune etc.) en prenant chacun un verset comme appui.

[Le Yalkout Haguershoni (Erekh Mashia'h) ramène au nom du Shaarei 'Haim sur les Téhilim, que le 'Hazan de la Shoul du 'Hatam Sofer lui a demandé comment se fait-il qu'on dit "le Mashia'h", c'est un titre pas un nom ! Il lui a répondu que ce sont les initiales des quatres prénoms que la Gmara ramène. Et ça a plu au 'Hatam Sofer.

Mais en réalité le Gaon de Vilna les avait devancé, dans le Kol Eliaou §236, et vraisemblablement il ne savait pas non plus qu'il avait été devancé par le Abrabanel dans Yéshouot Méshi'ho Iyoun Chéni §3 page 127 - nouvelle édition.]

 

Encore plus que cela, on a vu des Rabbanim qui ont dit sur eux mêmes qu'ils étaient le Mashia'h !

 

■ Dans les Agahot Shaï Lemora (Shvouot et Guitin) du Shoel Oumeshiv sur le Beth Shmouel dans Even Haezer §129 Ot shin écrit qu'il a entendu qu'à Cracovie il y a un Shass annoté par le Gaon Rav Shalom Shakhna de Lublin רב שלום שכנא מלובלין [le Rav et beau-père du Rama]. Et sur la page de Sanhedrin 98 qui parle de Mashia'h, c'est marqué dans la marge : "et moi je dis que Shakhna est son nom et il ramène un verset de Réeh comme preuve.

 

■ Le Or A'haim Hakadosh dans Réeh 16,7 écrit que le nom du Mashia'h sera 'Haïm.

[Un jour un éditeur qui s'appelait Asher a imprimé un 'Houmash avec ce commentaire. Il l'a ramené à Rabbi Pin'has de Korets רב פנחס מקוריץ, et - pas de chance - c'est tombé sur ce passage de Réeh, et il manquait les mots "son nom sera 'Haïm". 

En fait l'éditeur n'avait pas trouvé ça joli alors il avait supprimé la phrase. 

Mais Rav Pin'has n'a pas aimé cet attitude.

Qu'est-ce qu'il a fait ?

Il a rouvert le 'Houmach et c'est tombé cet fois ci sur Nasso 5,22 où la femme Sota doit dire deux fois Amen (j'accepte la Klala), et Rashi explique de la Gmara : Amen pour cet homme et Amen pour tout autre homme. Et il y avait une erreur d'impression le deuxième Amen c'était leish Asher au lieu de A'her.

Puisqu'il a voulu enlever la phrase du Or A'haïm, il a reçu une malédiction.]

 

 

MASHIA'H SERA-T'IL QUELQU'UN DE CONNU ?

 

On a l'habitude de penser que le Mashia'h sera quelqu'un de très connu.

Mais il faut savoir que dans le Rambam c'est écrit l'inverse. Dans Igueret Teman page 32 dans les Igrot Vétshouvot écrit que ce sera un homme qu'on ne connaissait pas.

 

 

DEPUIS QUAND DIT-ON QUE L'ARRIVÉE DU MASHIA'H EST IMMINENTE ?

 

 

Il n'est pas seulement important de ne pas mentir. Il faut aussi faire attention de ne pas dire des paroles vraies si les personnes vont comprendre des choses fausses. (Voir Yevamot 65b en fonction de ce qu'explique le Ritva, on parle là-bas du "mensonge" de Shmouel, qui a dit qu'il allait à un tel endroit pour y faire un sacrifice, alors que son intention principale était de nommer David roi.) [Mais là-bas précisément ce genre de mensonge était autorisé.]

 

Il y a plus de 40 ans déjà (Pourim 1970), le Steipler (Or'hot Rabeinou I page 287) a dit qu'on était très très proche de Mashia'h.

Il y a 50 ans le Mashgia'h de Ponovez, Rav Ye'hezkel Levinstein disait que c'est clair, sans l'ombre d'un doute que nous sommes dans Ikveta Demeshi'ha. C'est ramené dans son Or Ye'hezkel dans plusieurs endroits : dans Darkei Haavoda page 205, dans Torah Vedaat page 186 etc.

Le Rav Dessler écrit dans le Sefer Hazikaron du Rav Its'hak Eizik Halevy רב יצחק אייזק הלוי page 265 que notre génération est sans aucun doute celle du Mashia'h. (C'est aussi marqué plusieurs fois dans le Mikhtav Meeliahou, par exemple 'helek III page 207).

Rav Its'haq Houtner aussi dans son Igrot Oktavim page 183.

Le Rabbi précédent (de Loubavitch) a aussi dit ça dans une drasha à Varsovie, le 13 Tamouz 1931 (c'est ramené dans le Likoutei Dibourim V page 1081).

Avant lui, le Rabbi de Munkacz, ramené dans Sefer Maasrot Yeroushalayim page 134, un livre sur son voyage en Israël, il a dit à ses élèves que puisqu'on était dans le talon de Mashia'h, alors il fallait aller chez un bon cordonnier, la tombe de Rabbi Yo'hanan Hasandler.

Avant ça, le 'Hafets 'Haim le disait et le répétait. C'est marqué dans Igrot Oumaamarim (Maamar 51 entres autres).

Le Rav Kook aussi.

Avant eux, Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin dans Tsidkat Hatsadik §46.

Encore 150 ans en arrière, on a le Shout Asher Lishlomo (Rabbi Shlomo Abendanan) page 146a ramène une Takana de 1856 qui dit qu'on est au talon de Mashia'h etc.

Dans la même génération, dans les Drashot du Maharam Shik ('helek 2 à la fin du drousch 133) écrit aussi ça.

Il y a plus de 180 ans, Rabbi Nathan de Breslev (élève par excellence de Rabbi Na'hman) dans une lettre datée de 1832 [c'est écrit dans Alim Litroufa (37a) עלים לתרופה].

Il y a 200 ans, Rav Sim'ha Bunem de Peshis'ha dans 'Hedvat Sim'ha (Vaye'hi 43b) écrivait aussi ça.

Il y a 250 ans on comprend aussi ça du 'Hida dans Shem Hagdolim I page 16a.

On peut même remonter il y a plus de 400 ans, le Notsar 'Hessed sur Pirkei Avot du Rabbi de Komarna page 41a ramène qu'à l'époque du Baal Shem Tov et du Arizal on disait qu'on était arrivé au talon du Mashia'h.

 

● Pourquoi le Rav nous dit ça ? Pas pour 'Has Veshalom pour refroidir.

C'est simplement pour savoir la vérité, aujourd'hui la majorité des gens auxquels on dit qu'on est dans Ikveta Demeshi'ha s'imaginent qu'il viendra dans les deux ans, et ça c'est mauvais.

D'une part parce qu'on ment, et d'autre part parce que c'est un mensonge sur un des Inyanei Emouna et qu'après avoir chauffer les gens pour le Mashia'h, ils finissent par refroidir.

Il faut donc comprendre que le talon de Mashia'h de nos jours (on s'était trompé à l'époque du Ari) peut durer 50 ou 100 ans.

 

On a demandé au 'Hafets 'Haim qui disait qu'on était au talon de Mashia'h que ça faisait 30 ans qu'il nous répétait la même phrase.

Il lui a répondu que ce n'était pas contradictoire, Ikveta Demeshi'ha ne veut pas dire qu'il va venir quoi qu'on fasse, seulement que c'est un moment propice à sa venue, ça veut dire qu'il faut alors qu'on s'active - bien étudier la Torah, bien faire les Mitsvot.

 

 

L'AN 6000 ET MASHIA'H

 

 

C'est marqué dans Sanhedrin 97a en bas que le monde dure 6000 ans et qu'un millénaire il est détruit.

 

Un véritable Talmid 'Hakham donnait un jour une conférence et a dit que Mashia'h viendra forcément avant l'an 6000. Une personne dans l'assemblée a eu l'audace de demander : "s'il s'avère qu'il ne soit toujours pas là à l'an 6000, on sait très bien que les rabbins s'arrangeront, alors ne nous dîtes pas que c'est sûr qu'il viendra avant l'an 6000".

Le Rav lui a alors répondu que s'il n'est toujours pas là à l'an 6000 alors lui en premier dira que les 'Hakhamim nous ont menti, nous ont trompé etc. ! 

 

Le Rav Wattenberg a été très étonné qu'il ait pu dire une telle chose.

 

1.C'est une Ma'hloket

 

Le Rambam (Hilkhot Tshouva §8, 8) écrit que lorsque nos Sages parlent de Olam Haba, ce n'est pas que ce monde ci va être détruit, c'est juste un monde où les gens arrivent [...]

Le Raavad écrit dessus qu'apparemment il a l'air en désaccord avec le fait que le monde va être détruit à 6000 ans.

 

● Le Kessef Mishné défend que le Rambam ne parlait que du monde des néshamot mais la Kabbala que le monde reviendra au néant, c'est sûr que le Rambam n'est pas en désaccord dessus.

Ce n'est pas génial comme réponse, le Raavad avait bien compris qu'il parlait du monde des âmes, le problème c'est qu'il dit que le monde ne reviendra pas au néant.

Mais il y a une beaucoup plus grosse question sur le Kessef Mishné : c'est que le Rambam écrit explicitement qu'il pense comme ça dans le Moré Névoukhim (II §29). Il y dit que ce n'est pas à prendre à la lettre, c'est une idée, une image etc. Et si on veut apprendre l'enseignement comme son sens simple, alors ce n'est qu'un avis unique [bien qu'on en trouve deux ou trois comme ça dans le Shass], ce n'est pas l'unanimité.

[Le Shout Harashba (I, §9) prouve d'ici exactement le contraire - puisque personne n'est en désaccord avec lui, alors tout le monde pense comme ça.]

Une deuxième interrogation sur le Kessef Mishné est que dans son livre le Maguid Mesharim page 36c il écrit qu'il ne faut pas comprendre que le monde sera détruit au sixième millénaire, mais détruit du Yétser Hara.

Donc comment peut-il dire que c'est sûr que tout le monde prend cet enseignement au pied de la lettre !

Le Rav Wattenberg pense que c'est possible qu'il ait été 'hozer, qu'il ait changé d'avis.

On voit encore dans le Moré Nevoukhim II début §27, que la création du monde est une notion de Torah. Par contre le fait que le monde se détruise ou pas n'en est pas une.

 

Bien sûr beaucoup de Rishonim sont en désaccord avec le Rambam :

Le Ramban dans la Drasha sur Kohelet (Kitvei Haramban I page 188) écrit que c'est sûr que le monde va retourner dans un état de Tohu Bohu.

Le Rashbash aussi (§436).

Le Raavad aussi comme on l'a vu.

Le Rama aussi dans Torat Haola (II §25) écrit que tout sera détruit au septième millénaire.

Le Ram'hal, dans son Dérekh Hashem (I §3 ot 9) [~ainsi que dans son Maamar Haikarim sur le Maamar Haguéoula page 185].

 

Cependant dans l'introduction du Meiri sur Avot, c'est écrit que l'intention n'est pas d'inventer ici un concept religieux, car tout se passera selon la volonté d'Hashem. 

On veut juste dire que dans les 6000 ans, on aura un millénaire de destruction, beaucoup de guerres etc. mais on sera vivants.

[La Gmara dit là-bas que le monde dire 6000 ans : 2000 de désordre, 2000 de Torah et 2000 de Mashia'h.

Ça veut dire que les deux derniers millénaires seront un temps propice à la venue du Mashia'h.

C'est comme ça que l'explique le Abrabanel dans Yéshouot Méshi'ho Iyoun Rishon §1, et le Maharal dans Netsa'h Israel §27.]

 

2. Qui nous dit que ce sera exactement la 6000ème année ?

 

Mais en fait même si Mashia'h venait maintenant (-Amen !) parce que le monde va être détruit à l'an 6000, ça voudrait dire qu'il nous restera moins de 225 ans, et ce n'est pas possible !

Dans Yeshaya Perek 65 Passouk 20 c'est écrit que le jeune homme mourra lorsqu'il aura 100 ans. 

Le Radak, le Malbim et d'autres expliquent que mourir à 100 ans sera considéré comme mourir jeune.

Donc il faut déjà qu'on déjà qu'on se rende compte qu'on vive plus longtemps, et qu'on s'y habitue, ça ne rentre pas dans 224 ans...

 

Le commentaire des Méguilot du Rav Don Yossef bar David Ibn Ye'hia (page 101a dans le דפוס בולוניה שנה רפח - année 1528) écrit qu'en 1940, c'est sûr que Mashia'h sera là pour que les juifs vivent au moins 300 tranquillement.

[Certains ont voulu y voir un Siman pour la création de l'état d'Israël que c'est le début de la Guéoula. Le problème c'est qu'en Israël on n'y vit pas encore tranquillement, malheureusement.]

 

De plus la Gmara dans Sanhédrin 97b pense que ce sera en l'an 7000.

[Il y a même un avis qui pense que c'est en l'an 5000, on pourrait dire qu'ils se sont trompés ou bien que c'est justement une preuve pour le Rambam qui ne prend pas ce Maamar à la lettre.]

 

Et il y a encore un autre problème, peut-être que la Gmara a donné l'an 6000 comme date approximative. De la même façon qu'il n'y a pas eu exactement deux millénaires de Tohou et de Torah.

C'est ce qui ressort du Midrash Otiyot dérabbi Akiva (Beth, baté midrashot page 306) qu'Hashem va détruire le monde en l'an 6093.

 

[Le Torah Tmima dans son Tossefet Brakha sur Bamidbar (I, §15) explique que ces 93 ans en plus représentent l'addition de ce qui n'est pas compté dans l'année (tous les quarts d'années en plus chaque année - 365.25).

C'est très étrange, ça donne tous les quatre ans un jour en plus, en 6000 ans ça donne 1500 jours, soit seulement quatre années et des poussières...

D'autre part, les 'Hakhamim parlent toujours d'après le calendrier juif (354 jours où on rajoute seulement un mois de temps en temps).

Donc on met ça de côté (pour 93 ans il faudrait rajouter plus de cinq jours et demi par année).]

 

3. Les Ma'hloket dans le décompte des années

 

Même d'après celui qui dit que c'est en l'an 6000 il y a une Ma'hloket Rishonim sur le décompte des années.

Est-ce qu'on commence à compter par la Shnat Tohou (création du monde) ou par la création de l'homme (qui est né en Nissan donc on compte l'année d'après).

Il y a même un avis qui pense que sans ça, on ne compte pas la première année (comme pour les anniversaires).

(Voir l'Encyclopédie Talmudique 'Helek II page 376.)

 

On trouve même - bien qu'on n'en tient pas compte, que c'est un avis minoritaire etc - un A'haron qui pense qu'on n'est même pas en 5775.

Le Rav 'Haim Hirshenzohn dans son Yayin Mikedem (page 242) a tout un calcul différent. (La sortie d'Égypte en 2470 au lieu de 2448, la destruction du Temple en 4042 au lieu de 3828 etc.).

Il ressortirait selon sa shita qu'on serait actuellement en 5989 ! [Note : à actualiser]

 

4. Une destruction complète n'est pas envisageable

 

Il y a un autre problème.

De dire qu'en l'an 6000 le monde sera détruit n'est pas très compréhensible dans les mots de la Gmara.

S'il n'y a plus de matière il n'y a pas de temps, donc si on dit que pendant un millénaire le monde sera détruit, forcément c'est qu'il restera de la matière et ce ne sera pas une destruction véritable.

C'est pourquoi le Pardes Rimonim (un Rishon de l'époque du Ritva), Rabeinou Shem Tov Ibn Shaprout écrit sur Avoda Zara 9a page 41 dans une des deux éditions, que les eaux vont recouvrir la Terre, mais que ça ne veut pas dire que tout va disparaître car c'est impossible.

[Bien sûr, c'est possible, mais pas en l'an 6000 - en tout cas d'après les règles de la nature.].

 

Dans le Shout Harashba (I, §9) c'est écrit que c'est seulement une façon de parler que le monde va être détruit.

Le Maguid Mésharim de Rav Yossef Karo on l'avait vu, explique que ce millénaire sera détruit du Yetser Hara, des Taavot et que c'est ça le Inyan de Mitsvot bételot léatid lavo (parce que ce sera trop facile).

Le Rabbi Its'hak Arama dans Akeidat Its'hak (Bereshit Shaar IV page 38b en bas) écrit la même chose.

Le Recanati רקנאטי aussi dans la Parshat Béhar dans Vayikra 25,8.

Le Shla page 17b dans Mishpatim page 198 dans la nouvelle édition.

On voit aussi à peu près ça dans Ben Yehoyada sur Sanhédrin 97a.

Le Siftei 'Haim du Rav 'Haim Frilander dans Émouna et Bé'hira partie 2 à la fin du Maamar 3 page 141, écrit que c'est une destruction positive comme écrit le Rambam dans la préface à Zrayim : la destruction du corps c'est la construction du Sekhel.

 

Quoi qu'il en soit si pendant un millénaire le monde va être détruit, ça veut dire qu'après la destruction va s'arrêter.

 

C'est comme ça qu'écrit le Rav 'Hasday Crescas רב חסדאי קרשקש dans Or Hashem Maamar 4 à la fin du drousch 1. C'est aussi l'opinion du Ram'hal dans Derekh Hashem (I, §(??) ot 9) qu'il y aura un autre monde après celui-ci.

Le Abrabanel dans Mifalot Elokim (Maamar 7 §3) et Rabeinou Bé'hayé dans Baalotekha 10,35 pensent qu'il y aura une destruction partielle du monde et que ça va se reproduire sept fois de suite, sept cycles de sept ans, et la cinquantième année il y aura une destruction totale du monde.

[Leur source pourrait être un Zohar sur Béréshit.]

 

 

LE RABBI DE LOUBAVITCH

 

[Tout ce qui va se dire n'engage que le Rav Wattenberg et les Rabbanim qu'il va citer, vous n'êtes pas obligés d'adhérer à toutes ces idées.]

 

On ne trouve pas de gens assez calmes sur le sujet.

Des gens disent que c'est sûr que c'est le Mashia'h, c'était le Mashia'h, il va revenir c'est sûr et veulent en convaincre les autres.

D'autres défendent que ce sont des kofrim qui disent ça, des apikorsim etc. Maintenant qu'il est mort il faut le laisser dans sa tombe, c'était un Tsadik il ne faut pas le déranger etc. etc.

C'est une stratégie du Yétser Hara pour provoquer des séparations, de casser la A'hdout du peuple juif.

Concrètement, ça ne change rien pour nous ! On n'a pas de mitsva de savoir qui ça va être, on doit juste espérer en sa venue qui qu'il soit. 

Il n'y a aucune raison de se battre.

 

C'est marqué dans le livre Nessié 'Habad Oubné Doram נשיאי חב"ד ובני דורם (page 36) et dans le Beth Rabbi (http://www.hebrewbooks.org/3751) dans 'Helek I (sur le premier Rabbi, le Baal Hatania) à la fin du perek 25 page 67a note 1 ramène que Rav Alexander Zinskind רב אלכסנדר זיסקינד (le Yessod Veshoresh Haavoda - il était sympathisant avec les 'Hassidim) est parti voir le Baal Hatania et lui a demandé si le Mashia'h serait un 'Hassid ou un Mitnagued ?

Le Rabbi lui a répondu que ce sera un Mitnagued.

Pourquoi ?

Parce qu'il faut que tout le monde puisse l'accepter, et les 'Hassidim ont le coeur assez large pour l'accepter.

 

On voit d'ici l'enseignement qu'il vaut mieux dire à une personne ce qu'il a envie d'entendre plutôt que de faire des histoires sur ce qui n'est pas essentiel.

Car c'est sûr que le Baal Hatania qui s'est battu pour la 'Hassidout pensait que le Mashia'h serait 'Hassid aussi.]

 

1.Certains pensent que c'est de la Kfira de dire du Rabbi qui est mort, que c'est Mashia'h

 

■■ Ce n'est pas vrai. ■■

Qui a dit que dans le Ikar du Rambam de croire en Mashia'h, on doit aussi croire qu'il n'est jamais mort ?

Peut-être qu'il y aura la résurrection avant la venue de Mashia'h ! (Il y a même un avis qui pense qu'il y aura une résurrection avant et après Mashia'h.)

 

Mais il est vrai que dans 'Hilkhot Mélakhim Perek 11 Halakha 3, le Rambam écrit à propos de Bar Kokhba, qu'on pensait c'était lui le Mashia'h jusqu'à qu'il se fasse tuer.

Dans la Halakha 4 aussi, il liste les conditions pour qu'une personne soit présumée Mashia'h (bé'hezkat Mashia'h). Il rajoute que s'il réussit à vaincre les peuples autour de lui, à construire le Beth Hamikdash en son endroit, et à rassembler les exilés d'Israël; alors là on est sûr que c'est le Mashia'h. 

Mais s'il manque une seule condition ou qu'il se fait tuer, alors on s'est très bien que ce n'est pas le Mashia'h, et qu'il n'a été envoyé que pour nous éprouver.

[Certains veulent distinguer entre la personne qui se fait tuer et la personne qui meurt naturellement, mais le Rambam ne fait pas cette différence.

Et on pourrait même dire l'inverse, si c'est Hashem qui le reprend c'est sûr qu'Il ne voulait pas que ce soit lui.]

 

Donc les Loubavitch n'ont rien à se reprocher par rapport aux Ikarei Emouna, ils ne sont pas Apikorsim ou quoi que ce soit.

 

D'autant plus que certains A'haronim ont dit explicitement que le Mashia'h pourrait se lever de T'hiat Hamétim.

■ Le Abrabanel dans Yéshouot Méshi'ho Iyoun Chéni §1 page 104 (dans la nouvelle édition 1993) écrit que c'est peut être possible qu'il fasse partie des morts qui seront ramenés à la vie.

Il rajoute qu'il s'agit d'un doute dans la Gmara Sanhédrin 98b ("s'il vient des morts c'est par exemple Daniel, s'il vient des vivantes c'est ..."). [Il y a plusieurs commentateurs sur cette Gmara mais c'est sa compréhension.]

■ Le Sefer Maasiyot Oumaamarim Yekarim du Rav Yeshaya Tzikernik רבי ציקרניק ישעיה וולף de 1903 page 4a écrit que Rabbi Yaacov Israel de Tsherkas (Tversky) רבי יעקב ישראל מטשערקאס a raconté que son grand père le Rabbi Na'houm de Tchernobyl a dit du Baal Shem Tov qu'il n'y a jamais eu quelqu'un comme lui sur Terre et il n'y aura jamais quelqu'un comme lui jusqu'au Mashia'h. Et il rajouta, en répétant trois fois, "et ce sera lui".

Et le Baal Shem Tov était déjà mort.

[Certains veulent expliquer que ce ne sera qu'un nitsots de néchama ou une histoire de Guilgoul, mais bon...]

 

Il est vrai que c'est une shita étrange car s'il vient des morts, ça pourrait être Moshé ou David ou même Daniel comme le dit la Gmara.

 

Le Pnei Moshé sur le Yéroushalmi Brakhot Perek 2 Halakha 2 explique que s'il est mort, ce sera David lui-même.

Tous ceux qui pensent qu'il y a un potentiel Mashia'h à chaque génération sont "à priori" en désaccord avec cette idée : à quoi ça sert qu'il y ait à chaque génération un Mashia'h alors que Moshé ou David sont disponibles ?

[Il faut réfléchir comment ça se fait que le Rabbi de Loubavitch lui-même pensait cela.]

 

●●Mais on a trouvé encore plus que ça, la Gmara Sanhédrin 98b ramène l'avis de Rabbi Hillel (ensuite réfuté) qu'il n'y aura pas de Mashia'h, qu'on a perdu notre chance au temps de 'Hezkia. [Rashi explique que ce dernier pensait que ce sera D.ieu Lui-même qui nous libérera, mais le Rambam exige de croire que ce sera un humain].

Ensuite Rav Yossef dit : que D.ieu Pardonne à Rav Hillel qui s'est trompé etc.

On voit ici que malgré tout que personne ne l'a maltraité, ne l'a traité de Kofer, on continue à l'appeler Rabbi.

À plus forte raison ne doit-on pas se disputer sur un détail comme savoir si Mashia'h peut être mort une fois.●●

 

2. Mashia'h sera reconnu du premier coup

 

Un autre argument est cité contre les Loubavitch.

Le Rambam dans Igueret Teman (édition de 1911 page 13b) écrit que lorsque Mashia'h viendra tout le monde le reconnaîtra.

 

Ainsi certains disent que si c'était le Rabbi de Loubavitch tout le monde serait d'accord que ce sera lui.

 

On voit aussi ça du verset dans Malakhi au début du perek 3 que ça se fera directement il n'y aura pas de discussions.

C'est aussi mashma du Yalkout Shimoni sur Yeshaya remez 497.

Dans le livre Am Hashem de Nathan Birnbaum נתן בירנבוים édition de Bnei Brak de 1977 c'est page 206, c'est écrit qu'un des Gdolei d'Israël considérait que lorsque Mashia'h viendra il n'y aura aucun doute et tout le monde sera d'accord. (Il semblerait que ce soit Rabbi 'Haïm de Volozhin.)

Le Baal Shem Tov aussi disait ça - comme c'est ramené dans le Shomer Emounim de Rav Aharon Roth dans le Maamar Haguéoula au début du chapitre 11.

 

Le problème, c'est qu'on voit dans la Gmara que Rabbi Akiva pensait que Bar Kokhba était le Mashia'h et ce, malgré que Rabbi Yo'hanan ben Torta (Yéroushalmi Taanit 24a et dans le Midrash Ekha Raba Parasha 2 Siman 4) lui a dit que ce n'était pas le bon.

On voyait bien qu'il continuait à croire en lui malgré qu'il y avait des désaccords.

[Malgré que le Abrabanel dans Yéshouot Méshi'ho Iyoun Rishon §4 page 78 dans la nouvelle édition écrive qu'il pensait que ce n'était que Mashia'h ben Yossef ...]

 

● Le Shout Harashba (I §548) parle de Nissim ben Avraham Méavila un faux prophète; il écrit que les juifs préfèrent supporter la Galout et tout ce qui va avec, plutôt que quelqu'un croie en une personne - en l'occurrence ce Nissim - (même s'il faisait des miracles), sans avoir fait d'enquêtes au préalable.

Ça ne ressort pas qu'on devra y croire du premier coup.

 

● Le Rabbi Yaakov ben Rabbi Aharon Sasportas ׂa écrit contre ceux qui croyaient en Shabtaï Tsvi [dans Tsitsat Novel Tsvi ציצת נובל צבי dans l'édition de 1954 page 102] :

"Avez-vous déjà lu dans un livre qu'il faut croire le premier venu qui se déclare être le Mashia'h ?? 

On ne doit pas y croire tant qu'il n'a pas fait les choses écrites dans le Rambam (reconstruction du Temple, rassemblement des exilés).

Et même s'il fait des miracles, ça n'a aucun rapport avec sa Méshi'hout.

Sinon chaque Tsadik pourrait dire sur lui-même qu'il est le Mashia'h !"

 

● Le Yavin Shmoua de Rabbi Elazar Löw רבי אלעזר לעוו (le Shemen Rokea'h) dans Shémot §142 page 19a dans l'édition de Prague de 1814 écrit que lorsque Moshé Rabeinou a dit à Hashem que les juifs n'allaient pas le croire; il avait bien raison de s'inquiéter pour ça. 

Car on ne doit pas croire n'importe qui avant d'avoir de vraies preuves.

On a vu ce que ça a entraîné de croire précipitamment au Mashia'h avec Shabtaï Tsvi...

 

● Le Yaabets écrit dans Sefer Shimoush page 76b (en haut) écrit que même si on l'attend depuis longtemps, ce n'est pas pour autant qu'on doit se décréter un Mashia'h d'après notre décision.

Même si c'est un grand homme Hassid, Tsadik avec de la Yrat Shamayim, intelligent avec toutes les qualités, on ne le croira pas tant qu'il n'aura pas accompli toutes les prophéties, on ne met pas une confiance entière en lui.

 

>> Dans ce cas-là comment comprendre le Rambam qui pense que sur le coup on saura que c'est lui ?

En plus il écrit dans Hilkhot Mélakhim Perek 11 Halakha 3 qu'on ne doit pas s'imaginer qu'il fera des miracles, dans ce cas-là comment on saura que c'est bien lui ?

 

■ On peut répondre comme dit le Or A’haim dans Parshat Balak 24,17. 

Il y a deux Mashia'h : un Mashia'h Béita qui viendra à la date butoire car il faut bien qu'il vienne; et un autre Mashia'h A'hishéna - c'est Hashem qui accélère la venue du Mashia'h.

Il écrit que si c'est le Mashia'h A'hishéna alors il viendra dans des prodiges, des miracles. 

Par contre si ce n'est qu'un Mashia'h Béita il viendra comme un pauvre qui chevauche un âne et il n'y aura aucun miracle.

D'après ça on peut dire que le Rambam parlait du Mashia'h A'hishéna qu'on reconnaîtra tout de suite par ses miracles.

Et quand il dit qu'il ne fera pas de miracles, c'est le Mashia'h Béita.

Cette réponse se trouve déjà dans le Otsrot A'harit Hayamim (I page 140 note 12).

 

Il y a encore d'autres réponses dessus.

Le Rabbi de Satmar dans son Vayoel Moshé (maamar shalosh shvouot §38) parle de ça aussi.

 

Avec ça on peut répondre à une autre discussion connue concernent le Beth Hamikdash.

 

 

LE TEMPLE QUI DESCENDRA DU CIEL

 

Est-ce qu'il va tomber du ciel tout prêt ou bien il sera construit par l'homme ?

Le Rambam dans Hilkhot Mélakhim Perek 11 écrit qu'il sera construit par l'homme.

Mais Rashi dans Souka 41a et Rosh Hashana 30a, Tosfot dans Souka aussi et dans Shvouot 15b, le Raavan sur Rosh Hashana 30a Siman 459 pensent que le Beth Hamikdash descendra du ciel.

 

● On pourrait peut-être expliquer que certains parlent du Mashia'h A'hichéna et le Rambam du Mashia'h Béita.

 

Le Rabbi de Loubavitch aussi a répondu à cette question dans Shaarei Guéoula §26 note 110 en expliquant que sur les détails qui sont marqués clairement dans Massekhet Midot ce sera l'homme qui s'en occupera.

Par contre, ce sur quoi on a un doute, ça descendra du ciel directement.

Il semble se contredire car dans le même livre plus haut page 19 il écrit que le Temple descendra complètement déjà fait du ciel.

Mais bon il ne fait qu'une proposition pour résoudre la discussion.

 

Pourquoi on cherche un compromis dans cette discussion ? Parce que ce n'est pas seulement une discussion entre Rishonim mais entre Midrashim.

 

■ Dans le Tan'houma à la fin de Parshat Pékoudei page 178a c'est écrit que c'est Hashem qui construira lui-même le Temple.

C'est aussi mashma du Tan'houma Noa'h §11 ou encore dans le Midrash Téhilim dans l'édition de Buber Perek 22 Siman 9 Page 93a

Le Zohar aussi dans Parshat Mishpatim 108a en bas et dans le Midrash Haneelam מדרש הנעלם dans Vayera 114a et dans Bereshit 28a à la fin..

Le Tikounei Zohar aussi, Tikoun 21 page 60b.

■ Mais on voit explicitement dans d'autres Midrashim comme Vayikra Raba Parshat 9 Siman 6, Bamidbar Raba Parshat 13 Siman 2 ou encore dans Shir Hashirim Raba Parshat 4 Siman 32 que c'est le Mashia'h en personne qui construira le Beth Hamikdash, comme le Rambam.

 

Il y a encore une autre proposition de compromis, le Shoshanim Ledavid de Rabbi David Pardo dans l'introduction à Massekhet Midot page 158a écrit que c'est une ma'hloket qui dépend d'une autre discussion connue dans Brakhot 64b entre Rabbi 'Hiya bar Abba au nom de Rabbi Yo'hanan et Shmouel.

Lorsque Mashia'h viendra, d'après Shmouel le monde suivra son cours après la venue du Mashia'h à part le Shiboud Malkhouyot שעבוד מלכויות - comme le Rambam - et les hommes construiront le temple. Mais les autres Rishonim penseraient comme Rabbi Yo'hanan et donc que le Beth Hamikdash descendra du ciel par miracle.

 

■Le Rav Pardo propose une autre explication : lorsqu'on dit que le Temple va descendre du ciel tout construit, ce n'est pas à prendre à la lettre. 

L'idée est que ce sont des hommes qui le construiront mais ils auront une aide divine tellement claire qu'on pourra dire qu'il a été construit par Hashem.■

 

[...]

 

Le Rambam dans Hilkhot Mélakhim Perek 12 Halakha 4 écrit que les Sages et Prophètes n'ont pas attendu impatiemment le Mashia'h car ils seront Sholet sur le monde ou bien pour qu'ils puissent boire, manger et se réjouir; c'est seulement pour qu'on soit tranquille dans l'étude de la Torah et la pratique des Mitsvot.

On peut espérer que Mashia'h vienne bientôt par le mérite du Shalom, le respect d'autrui et de ses convictions.

 

 

QUELQUES CONCLUSIONS

 

 

● Il semblerait qu'il ne faille pas trop insister dans sa tfilah pour la venue du Mashia'h. Mais c'est discuté chez les Rabbanim.

 

● Le Mashia'h ne sait pas qui il est.

 

● Certains pensent qu'il y en a un à chaque génération ce qui a poussé des gens à dire de Rabbanim qu'ils étaient le Mashia'h.

 

● En principe le Mashia'h ne sera pas tellement connu.

 

● Ça fait plus de 400 ans qu'on dit qu'on est dans le talon de Mashia'h.

 

● Il y a une discussion si le monde sera détruit après 6000 ans (~). 

D'après le Rambam il n'y aurait pas d'obligation qu'il vienne avant l'an 6000.

 

● Il a des contradictions si lors de la venue de Mashia'h on le reconnaîtra tout de suite ou pas.

On a dit que peut-être ça dépend si c'est le Mashia'h Béita ou A'hishéna

 

● Il y a une discussion si le troisième Beth Hamikdash descendra tout fait du ciel.

On a cité trois manières de faire un compromis pour accorder tous les avis.

 

● Le but des Mitsvot n'est pas de faire venir le Mashia'h (bien que ça aide).

 

● Celui qui espère que le Rabbi de Loubavitch soit Mashia'h ne peut pas être taxé de Kfira : qu'il soit dans l'erreur par rapport aux Ikarim du Rambam.

 

● On a surtout dit qu'il ne fallait pas se disputer pour ça car il n'y a aucune Nafka Mina qui sera le Mashia'h.

 

On peut trouver plein de preuves tout ce qu'on a dit que ça ne peut pas être le Rabbi, mais ce n'est que le conseil du Yétser Hara pour se disputer à ce sujet.